lundi 31 août 2020

L'Etre et le vase

 



Nous sommes des vases de terre avec pour vocation unique de porter la vie de Dieu coulant par le Saint-Esprit à travers nous. Méditons ensemble la portée d’une telle découverte biblique…

La vie d’une plante est sa sève qui coule en elle. Hors de ce liquide précieux, point de floraison. Si la sève est sans équivoque la vie de la plante, cette vie toutefois, prend forme à travers les branches et les feuilles du plant. Hors des branches donc, il y a une vie mais celle-ci ne se traduit qu’à travers les ramifications de l’arbre. Le lien entre la sève et les branches est donc si fort que les secondes expriment la première.

Dans les Ecritures, de nombreuses images servent à restituer cette vérité sur le plan spirituel. Jésus disait par exemple : Je suis le cep, vous êtes les sarments [] Sans moi vous ne pouvez rien faire Jean 15v5. Il révélait de la sorte que la force motrice de notre vie se trouve en Lui et en Lui uniquement. Bien que cette affirmation paraisse aujourd’hui simpliste, la chrétienté de notre époque semble ne pas en saisir la portée. Que Jésus-Christ soit notre vie change tous les paramètres de notre relation avec Lui mais aussi toute la définition que nous devrions donner à l’Homme de la nouvelle création. Regardons la chose d’un peu plus près.

L’apôtre Paul affirmait : Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous II Corinthiens 4v7. S’il est vrai que  l’apôtre écrivit cette déclaration dans le cadre de la défense de son ministère au près des fidèles de la ville de Corinthe, il n’en demeure pas moins qu’il définissait ce qu’il était en tant que homme en relation avec Jésus-Christ : un vase porteur du plus grand des trésors. Ce n’était donc pas le vase qui importait, mais le trésor qu’il contenait. Car oui, l’analogie du vase rejoint celle des sarments. Si les branches de l’arbre ne servent qu’à traduire la vie du Cep, le vase n’a d’autre vocation que de porter le plus grand des trésors : la vie de Dieu. Notre place est donc ici ! Nous servons uniquement à porter une vie : non la nôtre, mais celle du Dieu vivant. Mais c’est justement là que naissent en général les problèmes de l’expérience chrétienne.

Car si je ne vis que pour traduire la vie du Seigneur, qu’en est-il de ma vie propre ? Tel qu’il nous a été enseigné à l’école du dimanche, nous nous empressons de répondre que cette vie n’existe plus car elle est clouée sur le bois de la croix. Oui ! Mais en toute honnêteté, notre expérience traduit le contraire. Dans le meilleur des cas, nous tentons d’aligner notre vie propre sur le modèle de la vie du Seigneur, espérant de la sorte lui plaire. Mais même avec nos meilleures intentions, un tel projet de vie ne satisfait pas à ses exigences. Car ce serait puiser la sève d’un autre arbre que le vrai Cep. Rappelons encore une fois qu’il est l’être et nous le vase. Car en lui nous avons la vie, le mouvement en l’être Actes 17v26. En tant que Cep de qui coule l’unique sève de notre vie, Jésus-Christ n’est pas seulement pour nous un modèle. Non ! Il est l’être qui remplit nos vases ; l’être qui se traduit par la motricité de notre âme. L’unique vocation de notre existence réside dans la manifestation de sa vie à partir de notre individualité.

Notre âme qui est le siège de notre personnalité est aussi la garante de notre individualité. Elle renferme [l’âme], notre volonté, nos sentiments et notre intelligence. Et ce sont ces fonctions qui traduisent la vie de la sève coulant dans notre vase. Etant psychiquement différent les uns des autres, nous traduisons différemment la vie reçue du Seigneur. Mais il s’agit de sa vie et non de la nôtre. Le seul mérite que nous avons est de la restituer selon notre individualité. Notre personnalité n’a donc du sens que mise au service de la sève du Saint-Esprit qui coule en nous. Ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi Galates 2v20, disait encore une fois l’apôtre Paul.  Reconnaissants pour l’Etre qui coule en nous et conscients de notre état de vase, nous refusons de nous enfler d’orgueil avec les slogans aujourd’hui à la mode comme : je domine, je règne etc… car au fin fond de l’expérience chrétienne, il ne s’agit pas de nous, mais de celui en qui nous avons la vie, le mouvement en l’être Actes 17v26.   

Samuel GOHOUNGO

jeudi 27 août 2020

L'Eglise narcissique


 



L’Église de notre époque typifiée par celle de Laodicée Apocalypse 3v14-19 est  traversée par un courant dangereux : un narcissisme doctrinalement professé. Découvrons ensemble quelques-uns de ces traits orgueilleux qui retiennent l’Eglise dans les pièges de ce siècle.

Les anciens grecs rapportent un mythe intéressant : le mythe de narcisse. Ce jeune homme (Narcisse) était selon ce qui nous est raconté, d'une beauté parfaite. Il était si beau qu'il se plaisait à regarder son image apparaitre dans l’eau claire de la rivière. Un jour alors qu'il se mirait encore dans l’eau de la rivière, trop occupé à se contempler, il perdit l’équilibre et tomba dans le cours d'eau. Entraîné par le courant, il se noya puis mourut. Une fleur poussa sur le lieu de la tragédie et porta le nom de narcisse.

Il s’agit bien étendu d'un mythe. Mais cette construction imaginaire nous apprend bien des choses. Elle est surtout intéressante pour l’église de notre génération. Car oui, l’Eglise de notre époque est à bien d’égard comparable au légendaire Narcisse décrit par les anciens grecs. Fière de ses richesses et de sa prétendue identité en Christ, la super église des 20 et 21e siècles s’est égarée en se contemplant elle aussi dans son miroir.

L’arrogance de l’Eglise de notre époque est dans un premier temps, doctrinale. Car c'est sur la base d'une interprétation erronée de la définition du nouvel Homme en Jésus-Christ que s'est construite cette arrogance à peine voilée. Rappelons-le. Le super-Homme présenté par l’Evangile de la prospérité croit pouvoir édicter des lois, décréter des arrêtés, ordonner même à Dieu de tenir telle ou telle conduite. À terme, ce super-Homme s’est érigé en un dieu sur terre ; un dieu assoiffé de domination temporelle. Parvenue à ce stade d’arrogance spirituelle, ce néo christianisme prétend affirmer son identité en Christ en centrant sur l’Homme dit régénéré, le message évangélique : Je suis intouchable, je domine, je suis, je règne etc…Autant de je suis qui ont fini par pousser l’Eglise de notre siècle, à adorer ce qu’elle serait devenue en Christ. Le danger est d’autant grave que cette arrogance est érigée en doctrine.

 Mais le narcissisme de notre Église se traduit aussi par ses possessions aussi bien naturelles que spirituelles. La richesse de nos cathédrales ainsi que les multiples dons du Saint Esprit sont malheureusement devenues le point d’attraction de toute l’effervescence chrétienne au 21ème siècle. En insistant sur sa prétendue identité en Christ, l’Eglise n’a eu de cesse de rappeler qu’elle est riche : faisant échos aux reproches de Jésus-Christ à l’église de Laodicée : Tu dis je suis riche, je me suis enrichie, je n’ai besoin de rien Apocalypse 3v17. Sur cette base, la super Église des 20 et 21ème siècles se revendique fièrement de la théologie de la prospérité affirmant avec arrogance que la richesse est le signe extérieur de la nouvelle naissance. Il n'est pas étonnant de voir alors des chrétiens vivre pour amasser des richesses ici-bas, en toute opposition à l’ordre du Seigneur qui dit : Ne vous amassez pas des trésors sur cette terre Matthieu 6v19. C’est dans ses richesses qu’elle (l’Eglise) se mire, croyant faussement y trouver le baromètre de sa propre foi. Nous voici devant le scandale d'une Église qui a fait le choix de se mirer dans l’élégance de ses cathédrales nouvelles, dans le chic de sa belle musique et surtout dans le grand volume de ses billets de banque.

Ajoutée à ce scandale d'une vie centrée sur ses propres possessions matérielles, l’Eglise a aussi commis l'infamie de se centrer sur les dons du Saint-Esprit au détriment de l’Esprit lui-même. Depuis la fin du réveil d'Azuza Street (1909 aux États-Unis), les pentecôtistes n'ont eu de cesse de rechercher des expériences spirituelles en se ventant d'être plus avancés dans la foi que tous ceux-là qui ne parlaient pas en d’autres langues. Une des plus grandes déviances qui en a découlé est l’introduction du mysticisme dans l'Eglise. Cela parait évident quand on considère le cœur orgueilleux avec lequel les chrétiens de ce siècle revendiquent les dons de l’Esprit. Il y a certes quelques saints hommes épars sur cette terre, mais pour la plupart, les pentecôtistes, les charismatiques et les néo charismatiques recherchent les dons de l’Esprit (notamment les dons de puissance) pour impressionner les foules. C’est ici un scandale plus grand encore.

Au regard de tout ceci, il faut trouver le narcissisme de l'Eglise à la confluence des déviances doctrinales et des pratiques douteuses. En image donc, la super Église des 20 et 21ème siècles ressemble à une jeune fille qui passe ses journées devant son miroir. Et le reproche du Seigneur se fait encore entendre ici : Tu étais d'une beauté accomplie, digne de la royauté… mais tu t'es confiée dans ta beauté et tu t'es prostituée à la faveur de ton nom  Ézéchiel 16v13/15

Samuel GOHOUNGO

                                        M/A Histoire des religions

lundi 24 août 2020

La paternité spirituelle:une exagération théologique


 

Ces dernières décennies ont accouché d’un christianisme de forme pyramidale. Nous entendons décrire par cette expression une allure nouvelle donnée aux églises issues de l’Evangélisme qui consacre au sommet de l’échelle un homme généralement considéré comme un père spirituel au bas de qui se trouve un peuple qui lui fait allégeance. Cet homme du haut de la pyramide rependrait l’onction qu’il détient sur les fidèles restés à la base de l’échelle spirituelle et ecclésiale.

 Face à la critique de quelques croyants restés sceptiques à cette nouvelle tendance évangélique et néo charismatique, des passages de la Bible sont avancés pour justifier l’approche. L’apôtre Paul est le premier cité : « Quand vous auriez dix mille maîtres en Christ, vous n’avez cependant pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ par l’Evangile » (1 Corinthiens 4v15). Ailleurs encore il dit d’Onésime ce qui suit : « Je te prie pour mon enfant, que j’ai engendré étant dans les chaines, Onésime » (Philémon 1v10). Avant d’aborder la question du contenu de la paternité spirituelle telle que prétendue être, il nous faut débattre de la légitimité même d’une telle parenté. L’apôtre ose une affirmation qui de toute évidence, prise littéralement génère une très grande confusion. Il dit en effet avoir engendré les Corinthiens ainsi que Onésime desquels il revendique la paternité spirituelle. Mais à regarder de plus près, qu’est-ce alors que l’engendrement spirituel ?

Il concerne la nouvelle naissance accordée au croyant lorsqu’il choisit de donner sa vie à Jésus-Christ. L’engendrement spirituel est donc l’acte par lequel l’inconverti d’autrefois nait à la vie nouvelle de Dieu à partir de son esprit. Mais alors, de qui est cette œuvre ? Il est important de rappeler que l’engendrement spirituel est le miracle le plus important qui soit car il traduit en statut et en expérience le salut du croyant offert en Jésus-Christ. Et l’apôtre Jean de répondre à notre question : « Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu » (I Jean 5v1). Il ne fait aucun doute que l’engendrement dont ici il est question soit l’œuvre unique de Dieu produite telle que nous le croyons, par le Saint-Esprit dans le cœur du croyant. L’apôtre Paul se prévalait-il d’un tel honneur ? Osait-il affirmer être au plein sens du terme, celui qui nous a donné la vie spirituelle ? Si ces mots prêtent à confusion, sa théologie du salut ne fait en revanche aucun doute. Paul reconnait et enseigne à maintes reprises que l’engendrement spirituel est une œuvre unique du Seigneur Dieu lui-même : « Il nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3v5). Il ne pourrait d’ailleurs en être autrement auquel cas, ce serait à l’apôtre Paul que nous devrions notre salut. Mais Dieu soit loué, nous sommes nés de Dieu Lui-même. Dans ce sens donc, notre seule paternité spirituelle ne peut être revendiquée que par Dieu seul de qui nous naissons par le mystère de la régénération. Pour faire simple, nous n’avons de Père spirituel que l’Eternel Dieu Lui-même. Mais alors comment comprendre les paroles de l’apôtre Paul qui semble revendiquer une certaine paternité spirituelle ? Ils sont (ces propos) à mettre au compte d’une hyperbole théologique ; c’est-à-dire une forme d’exagération qui sert à mettre l’accent sur une vérité. Oui. Ici, Paul exagère pour attirer l’attention au même titre que les poètes se servent de figures de rhétoriques hors des normes pour susciter une émotion. Cette forme d’expression des idées est fréquente chez l’apôtre Paul. Dans le cas d’Onésime par exemple, pour ne serait-ce que présenter le rôle qu’il joua dans la communication de l’évangile à ce dernier, l’apôtre affirme : « Je te le renvoie, lui une partie de moi-même » (Philémon v12). Sans verser dans la dérive Paul ose une exagération pour manifester le lien fort qui l’unit à Onésime suite à son acceptation de Jésus-Christ. Les mots sont forts mais le message est sobre. Aux Corinthiens et aux autres donc, l’apôtre dans le respect de l’œuvre de la Croix défend son ministère et ose cette exagération pour rappeler le rôle de premier plan qu’il a joué dans la prédication de l’Évangile qui leur est parvenu. Et nous avons la preuve de cette hyperbole théologique  au regard de tout le Nouveau Testament.  Car en effet, au-delà de l’apôtre Paul, Jésus qui est l’auteur de notre salut nous prévient en ces termes : « N’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre père, celui qui est dans les cieux » (Matthieu 23v9).

Abomey-Calavi,

Le 14 février 2020

Samuel GOHOUNGO

 

jeudi 20 août 2020

L'Homme, une trinité

 


Nous n’avons pas fini de construire la juste définition que donnent les Ecritures au sujet de l’Homme. Au contraire, nous ne faisons qu’effleurer le mystère lié à la nature que Dieu nous a voulue dès la création. L’Homme n’est pas un esprit. Nous nous sommes employés à montrer le caractère non biblique de cette approche dans notre précédente méditation. Mais il reste une profondeur à sonder dans cette recherche biblique. Et cette présente méditation se propose de nous y conduire.

Pour mieux comprendre ce qu’est l’Homme, il nous a semblé bon de partir de ce que sont les anges. Nous posons donc nos valises au premier chapitre du livre des Hébreux  et nous y lisons : Auquel des anges a-t-il jamais dit : « assieds-toi à ma droite …. Ne sont-ils pas des esprits au service de Dieu » (Hébreux1v13-14) ? La définition est ici sans équivoque : les anges sont des esprits. Il convient à présent de voir si ils (les anges) dans leur constitution ont été faits à l’image de Dieu. Une méditation honnête des Ecritures ne nous conduit pas à une telle conclusion car en effet, nulle part il n’est dit qu’ils aient été faits à l’image de Dieu. La filiation la plus élevée qu’ils pourraient avoir avec Dieu se trouverait en Job 38v7. Ils y seraient désignés comme les fils de Dieu selon la version Louis Segond. Mais la version en français fondamentale nous donne une plus claire compréhension du symbolisme contenu ici dans la notion du Fils de Dieu et désigne ici les anges comme : les habitants du ciel.

En revanche, il est dit de l’Homme à la création qu’il fut fait à l’image de Dieu (Genèse 1v27). Rapprochant ce passage de Jean 4v24 qui dit que : Dieu est esprit, les tenants de cette nouvelle anthropologie déduisent que l’Homme fait à l’image de Dieu est un esprit. Or, les anges qui sont esprit (Hébreux 1v13-14) ne sont pas faits à l’image de Dieu. Les Ecritures ne nous enseignent rien de semblable à leur sujet. Par voie de conséquence, il ne suffit d’être esprit (cas des anges) pour être à l’image de Dieu. Si donc nous partons de la prémisse que l’Homme est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, et qu’être esprit (comme c’est le cas des anges) ne suffit pas à être fait à cette image (de Dieu), il nous faut alors déduire que l’esprit de l’Homme ne suffit pas à restituer l’image et la ressemblance divines. Par ailleurs, nous voyons clairement la primauté des hommes sur les anges tout au long des Ecritures.

En effet, l’apôtre Paul ose dans sa première épitre aux Corinthiens, une affirmation qui ici intéresse notre méditation. Citation : Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? (…) Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges (I Corinthiens 6v2-3) ? Il est évident d’après ce passage que les Hommes bénéficient d’une position plus élevée que les anges ; un privilège qui les place au-dessus de ces esprits créés par Dieu Lui-même. Une autre preuve de ceci nous est donnée en Hébreux. L’auteur de cette épître nous apprend que les anges sont esprits au service de Dieu envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter le salut (Hébreux 1v14). Envoyés donc pour servir à notre cause et devant un jour être jugés par nous, ces anges qui sont des esprits crées par Dieu sont bien inférieurs à notre position dans l’ordre de la création. Or si nous leur sommes supérieurs c’est à cause de notre ressemblance à l’image de Dieu. Une ressemblance qui définitivement dépasse l’esprit car les anges, bien qu’étant esprit ne bénéficient pas de ce privilège.

Il nous faut donc chercher ailleurs ce qu’est cette ressemblance avec Dieu dont nous jouissons. C’est encore l’apôtre Paul qui nous vient en aide. S’adressant aux Thessaloniciens, il définit l’Homme en ces termes : que l’être tout entier, l’esprit, l’âme et le corps soient trouvés irréprochables à l’avènement du Seigneur (I Thessaloniciens 5v23).  L’être entier est une unité composée de trois entités distinctes mais si unies qu’elles sont interdépendantes. Un Homme sans un corps est une entité flottante dans l’air, une sorte de fantôme. Un autre Homme ne disposant pas d’une âme et possédant seulement un esprit et un corps est une sorte de démon qui tente de s’incarner. Enfin un dernier Homme possédant seulement un corps et une âme n’est pas plus avancé qu’un mammifère. Nous sommes une unité composée. Une trinité humaine dirions-nous. C’est sans doute là qu’il faut aller trouver notre ressemblance avec l’image de Dieu. Vivement que ce cri de réveil soit entendu pour éviter la dérive.

Abomey-Calavi,

Le 05 février 2020

Samuel GOHOUNGO

 

mercredi 19 août 2020

Vers une juste définition de l’Homme

 


A l’heure de l’Eglise de Laodicée (prise sur le plan prophétique), la place de l’Homme au cœur du discours évangélique est de plus en plus prononcée. Le Christianisme de notre génération est porté à mettre l’homme au cœur de ses propres préoccupations. Avec le vent du néo charismatisme, le chrétien est capable d’édicter, de décréter, de guérir… Il est même exhorté à entrer parfois en pourparlers avec Dieu pour que celui-ci change ses plans à son égard. Le chrétien dont les contours ont été définis par les tendances théologiques du néo charismatisme est pour ainsi dire : un Super-Homme. Il est d’autant extraordinaire qu’il est présenté comme un esprit ! L’Homme donc serait un esprit : un esprit avec un corps et possédant une âme. Pour justifier cette nouvelle anthropologie qui se veut biblique, il est fréquemment cité le passage suivant de la création : Dieu créa l’homme à son image (Genèse 1v27) ; ainsi qu’un autre tiré cette fois-ci des évangiles : Dieu est esprit (Jean 4v24).  Rapprochant  ces deux passages, il est communément fait le commentaire suivant : si Dieu est esprit et que l’homme est fait à son image, alors l’homme est un esprit.

Il s’agit là à mon sens d’une conclusion hâtive et simpliste. Car de Dieu, il n’est pas seulement dit qu’il est esprit. Il est également écrit à son sujet qu’il est amour, saint, juste, miséricordieux etc… (I Jean 4v8 ; Lévitique 19v2 ; Sophonie 3v5 ; Exode 22v27).  Une lecture objective du texte biblique devrait nous conduire à considérer tous ces aspects de la nature de Dieu avant toute conclusion prise à la hâte. Mais les tenants de l’anthropologie du Super-Homme ont d’autres arguments tirés du corpus paulinien . Paul justement n’a-t-il pas dit que celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit (I Corinthiens 6v17). Et Jésus Lui-même n’enfonce-t-il pas le clou en déclarant que : « Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l’esprit est esprit » (Jean 3v6) ? Paradoxalement, c’est ce dernier passage si abondamment cité par les tenants de l’anthropologie du Super-Homme qui nous fournit une précieuse donnée de méditation.

En effet tel que le dit le maître : ce qui est né de la chair est chair. Les descendants d’Adam sont nés de la chair et du sang de celui-ci. Il est écrit à ce sujet : Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang habitent sur toute la surface de la terre (Actes 17v26). Sortis d’un seul sang, les hommes sont donc nés de la chair. Et si nous suivons la prémisse que nous propose notre Seigneur, les hommes de la chair, sont chair. A moins de nier d’être né d’Adam par filiation naturelle, nous serions donc tous chair au sens premier. Pourtant nous ne sommes pas que chair. Nous possédons autant un corps qu’une âme et un esprit. Mais alors, que voulait signifier le Sauveur en affirmant que ce qui est né de la chair est chair ? Il voulait signifier la même chose que lorsqu’il dit : ce qui est né de l’esprit est esprit. Qu’est-ce alors ?

Né de l’Esprit de Dieu dans le mystère de la régénération, nous participons à la nature divine (II Pierre 1v4). Nous sommes pour ainsi dire de la nature de l’Esprit dans le sens où ce que nous sommes est tiré de Lui. Mais sommes-nous esprit dans le sens où nous ne serions que chair ? Non ! Car si nous n’étions que chair, il n’y aurait pas de place pour notre vie psychique et spirituelle. Pareillement nous ne sommes pas que esprit dans le sens nous ne serions que chair. Car si nous l’étions dans ce sens-là, il n’y aurait pas de place pour notre corporalité. Et le résultat aurait été étrange car nous serions dans êtres désincarnés, autrement : des fantômes. Par conséquent, Jésus enseignait ici à Nicodème l’appartenance à une filiation nouvelle : celle de l’Esprit ; laquelle filiation spirituelle n’annule pas notre dimension psychique (l’âme) et corporelle.  Et la preuve de notre raisonnement se trouve tout à travers le Nouveau Testament. Considérez par vous-même : Jésus est né de l’Esprit dans le saint virginal de Marie. Lui qui pourtant est né de l’Esprit n’a point manqué tout au long de sa vie sur terre, de revendiquer son humanité. Mais surtout, celui-là qui est né de l’Esprit affirma au jour de sa résurrection ce qui suit : voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai (Luc 24v39).

 

Abomey-Calavi,

Le 28 janvier 2020

Samuel GOHOUNGO

Mer rouge et Jourdain : deux traversées pour une destinée

  Après deux millénaires de pâques chrétienne, il peut paraitre inutile d’écrire à ce sujet. La question semble avoir été épuisée par des ...