jeudi 27 août 2020

L'Eglise narcissique


 



L’Église de notre époque typifiée par celle de Laodicée Apocalypse 3v14-19 est  traversée par un courant dangereux : un narcissisme doctrinalement professé. Découvrons ensemble quelques-uns de ces traits orgueilleux qui retiennent l’Eglise dans les pièges de ce siècle.

Les anciens grecs rapportent un mythe intéressant : le mythe de narcisse. Ce jeune homme (Narcisse) était selon ce qui nous est raconté, d'une beauté parfaite. Il était si beau qu'il se plaisait à regarder son image apparaitre dans l’eau claire de la rivière. Un jour alors qu'il se mirait encore dans l’eau de la rivière, trop occupé à se contempler, il perdit l’équilibre et tomba dans le cours d'eau. Entraîné par le courant, il se noya puis mourut. Une fleur poussa sur le lieu de la tragédie et porta le nom de narcisse.

Il s’agit bien étendu d'un mythe. Mais cette construction imaginaire nous apprend bien des choses. Elle est surtout intéressante pour l’église de notre génération. Car oui, l’Eglise de notre époque est à bien d’égard comparable au légendaire Narcisse décrit par les anciens grecs. Fière de ses richesses et de sa prétendue identité en Christ, la super église des 20 et 21e siècles s’est égarée en se contemplant elle aussi dans son miroir.

L’arrogance de l’Eglise de notre époque est dans un premier temps, doctrinale. Car c'est sur la base d'une interprétation erronée de la définition du nouvel Homme en Jésus-Christ que s'est construite cette arrogance à peine voilée. Rappelons-le. Le super-Homme présenté par l’Evangile de la prospérité croit pouvoir édicter des lois, décréter des arrêtés, ordonner même à Dieu de tenir telle ou telle conduite. À terme, ce super-Homme s’est érigé en un dieu sur terre ; un dieu assoiffé de domination temporelle. Parvenue à ce stade d’arrogance spirituelle, ce néo christianisme prétend affirmer son identité en Christ en centrant sur l’Homme dit régénéré, le message évangélique : Je suis intouchable, je domine, je suis, je règne etc…Autant de je suis qui ont fini par pousser l’Eglise de notre siècle, à adorer ce qu’elle serait devenue en Christ. Le danger est d’autant grave que cette arrogance est érigée en doctrine.

 Mais le narcissisme de notre Église se traduit aussi par ses possessions aussi bien naturelles que spirituelles. La richesse de nos cathédrales ainsi que les multiples dons du Saint Esprit sont malheureusement devenues le point d’attraction de toute l’effervescence chrétienne au 21ème siècle. En insistant sur sa prétendue identité en Christ, l’Eglise n’a eu de cesse de rappeler qu’elle est riche : faisant échos aux reproches de Jésus-Christ à l’église de Laodicée : Tu dis je suis riche, je me suis enrichie, je n’ai besoin de rien Apocalypse 3v17. Sur cette base, la super Église des 20 et 21ème siècles se revendique fièrement de la théologie de la prospérité affirmant avec arrogance que la richesse est le signe extérieur de la nouvelle naissance. Il n'est pas étonnant de voir alors des chrétiens vivre pour amasser des richesses ici-bas, en toute opposition à l’ordre du Seigneur qui dit : Ne vous amassez pas des trésors sur cette terre Matthieu 6v19. C’est dans ses richesses qu’elle (l’Eglise) se mire, croyant faussement y trouver le baromètre de sa propre foi. Nous voici devant le scandale d'une Église qui a fait le choix de se mirer dans l’élégance de ses cathédrales nouvelles, dans le chic de sa belle musique et surtout dans le grand volume de ses billets de banque.

Ajoutée à ce scandale d'une vie centrée sur ses propres possessions matérielles, l’Eglise a aussi commis l'infamie de se centrer sur les dons du Saint-Esprit au détriment de l’Esprit lui-même. Depuis la fin du réveil d'Azuza Street (1909 aux États-Unis), les pentecôtistes n'ont eu de cesse de rechercher des expériences spirituelles en se ventant d'être plus avancés dans la foi que tous ceux-là qui ne parlaient pas en d’autres langues. Une des plus grandes déviances qui en a découlé est l’introduction du mysticisme dans l'Eglise. Cela parait évident quand on considère le cœur orgueilleux avec lequel les chrétiens de ce siècle revendiquent les dons de l’Esprit. Il y a certes quelques saints hommes épars sur cette terre, mais pour la plupart, les pentecôtistes, les charismatiques et les néo charismatiques recherchent les dons de l’Esprit (notamment les dons de puissance) pour impressionner les foules. C’est ici un scandale plus grand encore.

Au regard de tout ceci, il faut trouver le narcissisme de l'Eglise à la confluence des déviances doctrinales et des pratiques douteuses. En image donc, la super Église des 20 et 21ème siècles ressemble à une jeune fille qui passe ses journées devant son miroir. Et le reproche du Seigneur se fait encore entendre ici : Tu étais d'une beauté accomplie, digne de la royauté… mais tu t'es confiée dans ta beauté et tu t'es prostituée à la faveur de ton nom  Ézéchiel 16v13/15

Samuel GOHOUNGO

                                        M/A Histoire des religions

2 commentaires:

  1. Merci beaucoup contemplons la beauté de Christ et mirons-nous au travers de la parole c'est très important

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  2. Oui je suis d'avis lorsque nous recherchons le Saint-Esprit, les fruits viennent toujours et là il le donne à chacun selon qu'il veut


    je t'apprécis beaucoup mon docteur

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