Ces
dernières décennies ont accouché d’un christianisme de forme pyramidale. Nous
entendons décrire par cette expression une allure nouvelle donnée aux églises
issues de l’Evangélisme qui consacre au sommet de l’échelle un homme
généralement considéré comme un père spirituel au bas de qui se trouve un
peuple qui lui fait allégeance. Cet homme du haut de la pyramide rependrait
l’onction qu’il détient sur les fidèles restés à la base de l’échelle
spirituelle et ecclésiale.
Face à la critique de quelques croyants restés
sceptiques à cette nouvelle tendance évangélique et néo charismatique, des
passages de la Bible sont avancés pour justifier l’approche. L’apôtre Paul est
le premier cité : « Quand vous auriez dix mille maîtres en
Christ, vous n’avez cependant pas plusieurs pères, puisque c’est moi qui vous ai
engendrés en Jésus-Christ par l’Evangile » (1 Corinthiens 4v15).
Ailleurs encore il dit d’Onésime ce qui suit : « Je te prie pour mon enfant, que
j’ai engendré étant dans les chaines, Onésime » (Philémon 1v10). Avant
d’aborder la question du contenu de la paternité spirituelle telle que
prétendue être, il nous faut débattre de la légitimité même d’une telle
parenté. L’apôtre ose une affirmation qui de toute évidence, prise
littéralement génère une très grande confusion. Il dit en effet avoir engendré
les Corinthiens ainsi que Onésime desquels il revendique la paternité spirituelle.
Mais à regarder de plus près, qu’est-ce alors que l’engendrement
spirituel ?
Il
concerne la nouvelle naissance accordée au croyant lorsqu’il choisit de donner
sa vie à Jésus-Christ. L’engendrement spirituel est donc l’acte par lequel
l’inconverti d’autrefois nait à la vie nouvelle de Dieu à partir de son esprit.
Mais alors, de qui est cette œuvre ? Il est important de rappeler que
l’engendrement spirituel est le miracle le plus important qui soit car il
traduit en statut et en expérience le salut du croyant offert en Jésus-Christ.
Et l’apôtre Jean de répondre à notre question : « Quiconque
croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu » (I Jean 5v1). Il
ne fait aucun doute que l’engendrement dont ici il est question soit l’œuvre
unique de Dieu produite telle que nous le croyons, par le Saint-Esprit dans le
cœur du croyant. L’apôtre Paul se prévalait-il d’un tel honneur ? Osait-il
affirmer être au plein sens du terme, celui qui nous a donné la vie
spirituelle ? Si ces mots prêtent à confusion, sa théologie du salut ne
fait en revanche aucun doute. Paul reconnait et enseigne à maintes reprises que
l’engendrement spirituel est une œuvre unique du Seigneur Dieu lui-même : « Il
nous a sauvés, non à cause des œuvres de justice que nous aurions faites, mais
selon sa miséricorde, par le bain de la régénération et le renouvellement du
Saint-Esprit » (Tite 3v5). Il ne pourrait d’ailleurs en être
autrement auquel cas, ce serait à l’apôtre Paul que nous devrions notre salut.
Mais Dieu soit loué, nous sommes nés de Dieu Lui-même. Dans ce sens donc, notre
seule paternité spirituelle ne peut être revendiquée que par Dieu seul de qui
nous naissons par le mystère de la régénération. Pour faire simple, nous
n’avons de Père spirituel que l’Eternel Dieu Lui-même. Mais alors comment
comprendre les paroles de l’apôtre Paul qui semble revendiquer une certaine
paternité spirituelle ? Ils sont (ces propos) à mettre au compte d’une
hyperbole théologique ; c’est-à-dire une forme d’exagération qui sert à
mettre l’accent sur une vérité. Oui. Ici, Paul exagère pour attirer l’attention
au même titre que les poètes se servent de figures de rhétoriques hors des
normes pour susciter une émotion. Cette forme d’expression des idées est
fréquente chez l’apôtre Paul. Dans le cas d’Onésime par exemple, pour ne
serait-ce que présenter le rôle qu’il joua dans la communication de l’évangile
à ce dernier, l’apôtre affirme : « Je te le renvoie, lui une partie
de moi-même » (Philémon v12). Sans verser dans la dérive Paul ose
une exagération pour manifester le lien fort qui l’unit à Onésime suite à son
acceptation de Jésus-Christ. Les mots sont forts mais le message est sobre. Aux
Corinthiens et aux autres donc, l’apôtre dans le respect de l’œuvre de la Croix
défend son ministère et ose cette exagération pour rappeler le rôle de premier
plan qu’il a joué dans la prédication de l’Évangile qui leur est parvenu. Et
nous avons la preuve de cette hyperbole théologique au regard de tout le Nouveau Testament. Car en effet, au-delà de l’apôtre Paul, Jésus
qui est l’auteur de notre salut nous prévient en ces termes : « N’appelez
personne sur la terre votre père ; car un seul est votre père, celui qui
est dans les cieux » (Matthieu 23v9).
Abomey-Calavi,
Le 14 février 2020
Samuel GOHOUNGO
Waooo c'est profond. Mais aujourd'hui c'est presque devenu une luxe dans les églises évangélique. Que faire fasse à cette exagération. Merci pour l'éclairage
RépondreSupprimerT'inquiète pas tu seras très bien éclairé
SupprimerIl y a bien de personnes qui ne seront pas d'accord avec vous.Elles aiment tellement ce titre.En tous cas, nous n'avons qu'un Père et Cela n'a jamais changé.
RépondreSupprimerSi on veut laisser Dieu parler à nos cœurs, si nos prétentions ne valent pas plus que ce que Dieu nous communique et si nous avons appris à méditer les écritures, nous ne.pouvons qu'être fasciné par votre approche de la question.
RépondreSupprimerLes serviteurs de Dieu que nous sommes n'ont aucune part dans cette parternité que revient à Dieu seulement.
S
Nous sommes et restons de maîtres ou modèles.
Le seigneur s'inspirera d'avantage mon docteur
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