mercredi 19 août 2020

Vers une juste définition de l’Homme

 


A l’heure de l’Eglise de Laodicée (prise sur le plan prophétique), la place de l’Homme au cœur du discours évangélique est de plus en plus prononcée. Le Christianisme de notre génération est porté à mettre l’homme au cœur de ses propres préoccupations. Avec le vent du néo charismatisme, le chrétien est capable d’édicter, de décréter, de guérir… Il est même exhorté à entrer parfois en pourparlers avec Dieu pour que celui-ci change ses plans à son égard. Le chrétien dont les contours ont été définis par les tendances théologiques du néo charismatisme est pour ainsi dire : un Super-Homme. Il est d’autant extraordinaire qu’il est présenté comme un esprit ! L’Homme donc serait un esprit : un esprit avec un corps et possédant une âme. Pour justifier cette nouvelle anthropologie qui se veut biblique, il est fréquemment cité le passage suivant de la création : Dieu créa l’homme à son image (Genèse 1v27) ; ainsi qu’un autre tiré cette fois-ci des évangiles : Dieu est esprit (Jean 4v24).  Rapprochant  ces deux passages, il est communément fait le commentaire suivant : si Dieu est esprit et que l’homme est fait à son image, alors l’homme est un esprit.

Il s’agit là à mon sens d’une conclusion hâtive et simpliste. Car de Dieu, il n’est pas seulement dit qu’il est esprit. Il est également écrit à son sujet qu’il est amour, saint, juste, miséricordieux etc… (I Jean 4v8 ; Lévitique 19v2 ; Sophonie 3v5 ; Exode 22v27).  Une lecture objective du texte biblique devrait nous conduire à considérer tous ces aspects de la nature de Dieu avant toute conclusion prise à la hâte. Mais les tenants de l’anthropologie du Super-Homme ont d’autres arguments tirés du corpus paulinien . Paul justement n’a-t-il pas dit que celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit (I Corinthiens 6v17). Et Jésus Lui-même n’enfonce-t-il pas le clou en déclarant que : « Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l’esprit est esprit » (Jean 3v6) ? Paradoxalement, c’est ce dernier passage si abondamment cité par les tenants de l’anthropologie du Super-Homme qui nous fournit une précieuse donnée de méditation.

En effet tel que le dit le maître : ce qui est né de la chair est chair. Les descendants d’Adam sont nés de la chair et du sang de celui-ci. Il est écrit à ce sujet : Il a fait que tous les hommes, sortis d’un seul sang habitent sur toute la surface de la terre (Actes 17v26). Sortis d’un seul sang, les hommes sont donc nés de la chair. Et si nous suivons la prémisse que nous propose notre Seigneur, les hommes de la chair, sont chair. A moins de nier d’être né d’Adam par filiation naturelle, nous serions donc tous chair au sens premier. Pourtant nous ne sommes pas que chair. Nous possédons autant un corps qu’une âme et un esprit. Mais alors, que voulait signifier le Sauveur en affirmant que ce qui est né de la chair est chair ? Il voulait signifier la même chose que lorsqu’il dit : ce qui est né de l’esprit est esprit. Qu’est-ce alors ?

Né de l’Esprit de Dieu dans le mystère de la régénération, nous participons à la nature divine (II Pierre 1v4). Nous sommes pour ainsi dire de la nature de l’Esprit dans le sens où ce que nous sommes est tiré de Lui. Mais sommes-nous esprit dans le sens où nous ne serions que chair ? Non ! Car si nous n’étions que chair, il n’y aurait pas de place pour notre vie psychique et spirituelle. Pareillement nous ne sommes pas que esprit dans le sens nous ne serions que chair. Car si nous l’étions dans ce sens-là, il n’y aurait pas de place pour notre corporalité. Et le résultat aurait été étrange car nous serions dans êtres désincarnés, autrement : des fantômes. Par conséquent, Jésus enseignait ici à Nicodème l’appartenance à une filiation nouvelle : celle de l’Esprit ; laquelle filiation spirituelle n’annule pas notre dimension psychique (l’âme) et corporelle.  Et la preuve de notre raisonnement se trouve tout à travers le Nouveau Testament. Considérez par vous-même : Jésus est né de l’Esprit dans le saint virginal de Marie. Lui qui pourtant est né de l’Esprit n’a point manqué tout au long de sa vie sur terre, de revendiquer son humanité. Mais surtout, celui-là qui est né de l’Esprit affirma au jour de sa résurrection ce qui suit : voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi et voyez : un esprit n’a ni chair ni os comme vous voyez que j’en ai (Luc 24v39).

 

Abomey-Calavi,

Le 28 janvier 2020

Samuel GOHOUNGO

1 commentaire:

  1. Analyse bien inspirée. Que le Seigneur t'élève d'avantage frère Samuel.

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