vendredi 30 octobre 2020

Population mondiale et équilibre homme-femme : pour réfutation d’une théologie douteuse

 




Et sept femmes saisiront en ce jour un seul homme, et diront : nous mangerons notre pain, et nous vêtirons nos habits ; fais-nous seulement porter ton nom ! Enlève notre opprobre Esaïe 4v1.

Il s’est développé dans ce qu’il n’est plus très convenable d’appeler le milieu évangélique – tant les divergences sont doctrinales- une tendance à légiférer la polygamie sur la base du verset cité plus haut. Des pasteurs profitant des média libres que sont les réseaux sociaux, diffusent une interprétation personnelle des Ecritures, aux fins de justifier la prise de plusieurs femmes en mariage. Ils évoquent à cet effet l’expérience de quelques patriarches bibliques comme David qui n’eut pas qu’une seule femme. Mais surtout, le nom de Salomon est évoqué comme le grand champion d’une polygamie à laquelle l’on prête des fondements bibliques. Cette théologie du mariage, version Facebook tient aussi à se justifier sur la base d’une prétendue féminisation accélérée de la population mondiale actuelle, de sorte qu’il y aurait plus de femmes que d’hommes sur la planète. Cet article est écrit au regard des Ecritures et tenant compte des dernières statistiques mondiales afin de répondre à cette tendance nouvelle et douteuse. Faisons pour commencer, un peu d’exégèse !

Rappelons ici le passage cité au début de notre méditation : Et sept femmes saisiront en ce jour un seul homme, et diront : nous mangerons notre pain, et nous vêtirons nos habits ; fais-nous seulement porter ton nom ! Enlève notre opprobre Esaïe 4v1. Ce passage-ci est précédé d’un chapitre entier (chapitre 3) qui traite du jugement de Dieu sur le royaume de Juda et Jérusalem sa capitale. La sentence divine qui y est prononcée est sans appel : la désintégration nationale du royaume de Juda à cause de son péché. Au cœur de ce chapitre qui décrit le châtiment réservé au royaume de Juda, le Seigneur Dieu tient une place particulière à mettre en évidence la honte des fille de Jérusalem. Les onze (11) derniers versets du chapitre 3 (v16-26) portent essentiellement sur cette sentence adressée aux femmes de Jérusalem alors devenue hautaines et s’étant appropriées les cultures païennes environnantes. Cette section s’ouvre avec ces mots : parce que les filles de Sion sont orgueilleuses La sentence qui suit est alors indiscutable : le Seigneur rendra chauve le sommet de la tête des filles de Sion, l’Éternel découvrira leur nudité v17. Au verset 25, la sentence arrive à son paroxysme. Et c’est là que nous retrouvons notre problématique de départ : Tes hommes tomberont sous le glaive et tes héros dans le combat. Le verset suivant (4v2) qui dit : Et sept femmes saisiront en ce jour un seul homme, et diront : nous mangerons notre pain, et nous vêtirons nos habits ; fais-nous seulement porter ton nom ! Enlève notre opprobre, vient donc comme une conclusion logique à une série de menaces proférées contre des femmes du royaume de Juda qui s’étaient égarées du chemin du Seigneur.  

Ce passage qui est brandi par les tenants de cette maladroite théologie du mariage est donc une interprétation tendancieuse pour justifier une boulimie sexuelle à peine voilée. Les égarements des patriarches comme Salomon qui prit 1000 femmes pour satisfaire sa volupté, ne peut aucunement être un modèle à copier. Car faut-il le dire encore, la Bible ne cache pas les erreurs de ses héros.

Pour justifier cette approche douteuse du mariage, les tenants de cette conception affirment que notre société actuelle, dans sa répartition sexuelle, se prête bien à l’accomplissement d’Esaïe 4v1. L’on affirme à cet effet qu’il y aurait plus de femmes que d’hommes à la surface du globe. Il faut croire qu’en plus d'être des pasteurs mal renseignés sur le plan biblique, ils le sont davantage sur le plan des résultats d’enquêtes des Nations Unies. Selon justement les dernières statistiques publiées par les Nations Unies, il y a à ce jour à peu près autant d’hommes que de femmes sur la planète en 2020 1. Il nait, il est vrai un peu plus de garçons que de filles : 106 garçons pour 100 filles 2. Mais vu que le taux de mortalité est légèrement plus élevé chez les garçons que chez les filles dans l’enfance, l’écart tend à se réduire. Résultat : il y a environ 102 hommes pour 100 femmes 3. Statistiques qui vont à l’encontre de la croyance populaire qu’il y a plus de femmes que d’hommes. Il est vrai qu’à un certain âge, l’écart se creuse davantage au profit des femmes, de sorte qu’il y est plus de femmes que d’hommes sur la planète. Mais ce cas de figure s’observe uniquement à l’approche des cent ans car les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Sur 10 personnes âgées de 100 ans donc, 08 sont des femmes 4. C’est à ce seul moment de la vie que l’écart se creuse. Nous nous imaginons mal cependant, ces prédicateurs de la polygamie, épouser des femmes de 90 voire 100 ans !

Cette lecture statistique de la population mondiale démontre encore une fois que bien malgré le péché de l’Homme, l’Éternel continue de veiller à l’équilibre homme-femme pour que se perpétue la race humaine. Celui  qui a dit à Adam : je lui ferai une aide semblable à lui Genèse218, celui-là donc, continue encore de faire une femme pour un homme. La polygamie ne peut se justifier ni selon les Ecritures, ni d’après les statiques de la population mondiale. Ces prédicateurs au service de satan, sont une honte pour l’Eglise. Veillez donc à ne pas vous laisser séduire.

 

30 octobre 2020

Abomey-Calavi, Bénin

Samuel GOHOUNGO

M/A Histoire des religions

 

Références

1-4 : https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/memos-demo/faq/plus-hommes-ou-femmes-sur-terre/#:~:text=S'il%20y%20a%20%C3%A0,femmes%20(49%2C6%20%25).

 

 

 

   

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