Arts chrétiens et publicité: paroxysme et recul
C’est avec l’essor de la
révolution industrielle que la publicité commerciale fit son entrée dans les
média. Les historiens retiennent la date du 16 juin 1836 : jour où Emile
de Girardin publia dans son journal, les premières annonces commerciales. C’est
le début de la publicité moderne. L’occident alors était en marche vers une
industrialisation galopante. Inspirée d’un modèle économique basé sur le
capital, la société occidentale n’eut aucun mal à mettre à profit la publicité
commerciale comme moyen de générer autant de profit que possible. Le 20e
siècle donna à la publicité des moyens plus puissants et plus performants. Ce
sont : l’avènement de la radio en 1920 et de la télévision en 1926. Par
ces nouveaux moyens de communication, la diffusion des messages publicitaires
se fera avec plus d’acuité et sans nul doute avec infiniment plus de succès. Le
20e siècle donne donc naissance aux gigantesques campagnes de masse
et accentue la compétitivité entre les entreprises. Faire connaitre, faire aimer et inciter au désir d’achat :
telle est la doctrine publicitaire depuis plus d’un siècle déjà. Désormais
incurvée dans nos mœurs, elle (la publicité) fait marche quotidienne avec l’Homme
de la société postmoderne. Des travaux de recherche publiés en France pour le
compte de l’année 2007 avançaient ces données ahurissantes : en cette
année-là (2007) un français se trouvait exposé à hauteur de 1200 à 2200
publicités par jour ! L’avènement
des réseaux sociaux avec la démocratisation de Facebook en 2006 a renforcé le
pouvoir de la publicité dans les médias. Passée des canaux devenus classiques
(radio, télévision, presse) aux média sociaux, la publicité numérique a
accéléré le pouvoir de la propagande postmoderne. En somme, après plus d’un
siècle et demi de campagne publicitaire, notre monde est devenu un vaste
marché de consommation, voire de surconsommation.
Au milieu de
ce déluge de messages publicitaires, l’Eglise s’est elle aussi mise au goût du
jour. Elle n’a pas seulement prêché l’Evangile de Jésus-Christ, mais elle a
aussi construit toute une culture publicitaire autour de ce message. Il n’y a à
priori rien de mal à faire connaitre le message du salut. C’est d’ailleurs cela
l’ordre du maître : allez faire de toutes les nations des disciples Mattieu
28v19. La propagation de la bonne nouvelle s’emboîte visiblement donc avec
la doctrine publicitaire. Mais pas toujours. Il y a, insoupçonnée, une restriction
que la communication du message du Seigneur nous impose.
Cette
restriction est celle de demeurer effacé pour que le massage porté puisse avoir
toute sa puissance. Jean baptiste l’avait visiblement compris. Lorsqu’il
annonçait le messie et qu’enfin celui qui était annoncé vint, il (Jean-Baptiste)
déclara à ses disciples ce qui suit: Il faut qu’il croisse et que je diminue jean 3v30. Plus
loin dans les Ecritures, l’auteur du Psaume 115 écrit : non pas à nous, Éternel, non pas à
nous, mais à ton nom donne gloire v1. Dans la
communication du message biblique, il y a donc un besoin de détachement de
sorte que ce soit le message qui soit vu et non le messager. Cette séparation
nette garantit que la gloire puisse continuer à revenir à Dieu. Le messager
quant à lui trouve sa pleine réalisation dans ce recul, ce détachement. Mais à
regarder de près, telle n’est pas entièrement la doctrine de la publicité. Le
showbizness par exemple (qui concentre une part importante de la publicité à
l’échelle mondiale) ne détache pas la star de musique de sa musique en tant
qu’objet de publicité. Non ! Bien au contraire la publicité dans ce milieu
superpose la star et le produit. Il est donc impossible de détacher l’image
d’une vedette de sa propre musique. Pourtant, si nous regardons à l’ensemble de
la révélation biblique, cet aspect-là de la doctrine publicitaire devrait être
remis en cause dans le milieu des arts chrétiens. Parce que nous ne sommes que des
vases et que le message que nous portons prime sur nous-mêmes, notre renommée
ne devrait nous importer. Et si notre renommée ne nous importe, notre mode
de communication devrait le démontrer. La nécessité de mettre un visage sur le
message porté est un emprunt à la doctrine publicitaire fortement inspirée du
capitalisme. Mais passée au crible de la Bible, elle ne devrait pas être une norme.
Il est
aujourd’hui subtil de mettre le vase au-devant du message porté. Dans le choix
des conceptions publicitaires, la mise en avant des posters des hommes de Dieu
ainsi que des chantres et autres artistes chrétiens est devenue monnaie
courante. Dans certains cas, les églises portent même l’effigie du pasteur ou
parfois du couple pastoral. Il y a dans ces cas, volontairement ou non,
superposition du vase et du message. Par voie de conséquence, l’artiste
chrétien ou l’homme de Dieu devient sur le plan visuel, le point d’attraction
du message prêché. Bien que le messager continue de déclarer ne pas être le
centre du message qu’il porte, sa politique publicitaire en dit le contraire.
Etant volontairement ou non devenu le point d’attraction visuel du message qui
lui a été confié par le Seigneur, il risque parfois même sans s’en rendre
compte, de devenir une célébrité. C’est-à-dire une personne célébrée pour son
talent. Pourtant, le seul qui mérité d’être célébré est celui-là qui est mort
sur le bois du calvaire. Paul, le bien-aimé apôtre résume bien notre
propos : nous portons ce
trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée
à Dieu, et non pas à nous
II Corinthiens 4v7.
Et aux côtés de l’apôtre, l’auteur du psaume 115 martèle encore : non pas à nous, Éternel, non pas à
nous, mais à ton nom donne gloire v1. Entre culture
publicitaire et nécessité de détachement du vase d’avec le message qu’il porte,
vivement que l’Eglise postmoderne trouve son chemin entre les balises posées
par l’Ecriture.
Abomey-Calavi,
Le
28 septembre 2020
Samuel
GOHOUNGO
M/A
Histoire des religions
Amen
RépondreSupprimerSelon votre explication, le chantre qui réalise même les clips vidéos est en erreur
RépondreSupprimerNon! Loin de moi cette idée. Je pense en revanche qu'une la politique de communication des chantres est malheureusement centrée sur eux-mêmes : trop de poster des chantres qui détournent le message du Seigneur vers leur personne.
SupprimerJe veux comprendre hein parce que je suis chantre qui est fait une affiche sur laquelle ma photo figurait une jaquette qui aussi porte ma photo mon compte facebook qui porte ma photo
RépondreSupprimerIl n'y a pas de mal à avoir une photo de nous sur nos différents comptes (facebook, twitter etc..). Le mal vient du fait de ne plus nous détacher de notre propre image quand nous faisons une campagne de promotion par exemple. La sobriété et le détachement de l'esprit nous exigent de faire profil bas tout en laissant au Seigneur la première place, surtout en communication visuelle où le risque d'attraction est très grand.
SupprimerOK merci
RépondreSupprimer