mercredi 13 avril 2022

Adoration et musique : l’équilibre

 


Connue et pratiquée depuis les origines de l’humanité, elle est pour la première fois mentionnée en Genèse 4v21. L’on l’a défini comme l’art de combiner les sons de manière à les rendre agréables à l’oreille. Vous l’aurez reconnue, il s’agit bel et bien de la musique. Couramment pratiquée au sein des assemblées chrétiennes, elle est en étroite relation avec l’adoration dans l’Eglise. En étroite relation avec l’adoration oui, mais sans jamais devoir se confondre avec elle. Il y a donc entre musique et adoration, un équilibre à trouver ; un équilibre auquel les Ecritures nous appellent.

David (pour citer son exemple), écrivait : Réveillez-vous, mon luth et ma harpe ! Je réveillerai l’aurore Psaumes 108v3. Dans les Ecritures, le Luth est cité plus d’une trentaine de fois. La harpe quant à elle apparait d’après nos décomptes, à 51 reprises. Evidence de ce que la musique à travers ses instruments est bel et bien présente dans la culture biblique. Par elle, Job pouvait chanter son deuil et David, célébrer les louanges de l’Eternel. Lorsque Elisée eut besoin de prophétiser peu avant que Joram, roi d’Israël ne remporte une victoire sur Moab, il fit appeler un joueur de harpe et comme le joueur de harpe jouait, la main de l’Eternel fut sur Elisée II Rois 3v15. Il est évident au regard de tout le panorama des Ecritures, que la musique n’est pas importante pour les hommes seulement, mais pour Dieu également. S’il est connu que Dieu siège au milieu des louanges de son peuple et que la musique se trouve être le canal par excellence via lequel notre louange monte vers le ciel, alors nous n’exagérons en rien lorsque nous affirmons que Dieu se glorifie d’une louange qui lui est apportée en musique. Nos propos se confirment dans la vision d’Esaïe 6v1-4 à qui il est fait grâce de voir Dieu assis dans son temple et environné de Séraphins se répétant dans une anaphore qui sonne comme un refrain : saint, saint, saint est l’Eternel des armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire v3. Si la gloire de Dieu se révèle dans l’air d’une adoration sur fond de musique, il n’en demeure pas moins qu’elle (la musique) joue également un rôle de premier dans le travail de l’âme humaine dans l’air d’adoration.

En effet l’âme humaine se trouve être également bénie quand l’adoration est restituée sur fond de musique. La raison se trouve dans le lien qu’il y a entre notre vie psychique et l’art de combiner des sons agréables au sens de l’ouïe. Parce qu’elle est un art, la musique est la  recherche constante de quelque chose de sublime. La beauté, l’esthétique et l’harmonie sont les objectifs qu’elle poursuit. Or l’âme humaine est foncièrement sensible à la beauté et à l’esthétique. Dans l’adoration donc, la musique et l’âme humaine se rencontrent et font chemin, main dans la main. Il est donc facile d’entretenir notre âme dans une louange sur un air musical. L’apôtre Paul nous y exhorte d’ailleurs en ces termes : Entretenez-vous par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur, les louanges du Seigneur Ephésiens 5v19. On ne niera donc pas que la musique est un instrument avec lequel le croyant peut entretenir son âme dans une louange sincère. Sans elle, il pourrait tout à fait vivre sa vie d’adoration. Mais avec ses notes qui ont une influence profonde et encore insoupçonnée sur notre vie psychique, le travail de l’âme dans l’adoration s’en trouve grandement facilité. Mais alors que nous vantons les mérites de la musique, il y a un danger qui nous guette.

Le piège qui nous est subtilement tendu se trouve dans la nature même de la musique. En effet, elle est dans une recherche constante d’harmonie, d’esthétique et de beauté. Lesquelles sont des standards de vie qui en soit n’ont rien de répréhensible. Mais très vite, la beauté et l’harmonie  peuvent devenir des fins en soi. Dès lors que notre musique vit pour exprimer sa propre esthétique et non l’éclat de la gloire du Seigneur, alors nous courons le risque de perdre notre adoration au profit d’une musique centrée sur elle-même. Mais le risque est davantage grand lorsque, continuant d’apporter au Seigneur une musique autocentrée, nous nous berçons de l’illusion qu’il s’agit encore d’adoration. Bien des siècles avant Jésus-Christ, le peuple élu fit une expérience similaire à ce que nous décrivons. Alors que la vie spirituelle du peuple était une suite de transgression de la loi de l’Eternel, le peuple se berçait encore de l’illusion que sa musique joué aux occasions solennelles plaisait encore au Seigneur. Pourtant, leur vie et leur art musical étant détournés de Dieu, ils s’étaient centrés sur eux-mêmes sans jamais s’en rendre compte. C’est alors que la Parole de l’Eternel adressée se fit entendre par le prophète Amos en ces termes : quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir(…). Eloigne de moi le bruit de tes cantiques ; je n’écoute pas le son de tes luths 5v23.

Il arrive donc bien souvent que la musique de nos cantiques ne fasse aucun plaisir à l’Eternel notre Dieu. Il arrive tout aussi souvent que nous continuons à nous bercer de l’illusion que notre musique lui est agréable. Pourtant en règle générale, c’est à nous, à nos sens physiques  et à notre vie psychique que nos notes de musique sont plaisantes. Il y a donc un équilibre à rechercher et à trouver entre musique et adoration. Si en effet l’une et l’autre se rejoignent, elles se distinguent pourtant. Gardons-nous donc de confondre notre recherche d’esthétique et d’harmonie musicales à une quête authentique de la Présence de Dieu. Les sentiments que peuvent générer dans nos âmes l’éclat de la musique sont à dissocier des sentiments que dépose dans notre esprit, le Saint-Esprit. Entendue comme un art, la musique nous a été donnée pour faciliter notre quête de la beauté et de l’esthétique qui se dégagent de la Personne de notre Dieu. Mais parce qu’en soi la musique est elle-même belle, elle peut facilement nous faire dériver de notre but dans l’adoration. Adorons en musique sans adorer la musique.

Samuel GOHOUNGO

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mer rouge et Jourdain : deux traversées pour une destinée

  Après deux millénaires de pâques chrétienne, il peut paraitre inutile d’écrire à ce sujet. La question semble avoir été épuisée par des ...