Connue
et pratiquée depuis les origines de l’humanité, elle est pour la première fois
mentionnée en Genèse 4v21. L’on l’a défini comme l’art de combiner
les sons de manière à les rendre agréables à l’oreille. Vous l’aurez reconnue,
il s’agit bel et bien de la musique. Couramment pratiquée au sein des
assemblées chrétiennes, elle est en étroite relation avec l’adoration dans
l’Eglise. En étroite relation avec l’adoration oui, mais sans jamais devoir se
confondre avec elle. Il y a donc entre musique et adoration, un équilibre à
trouver ; un équilibre auquel les Ecritures nous appellent.
David
(pour citer son exemple), écrivait : Réveillez-vous,
mon luth et ma harpe ! Je réveillerai l’aurore Psaumes 108v3. Dans les Ecritures, le Luth
est cité plus d’une trentaine de fois. La harpe quant à elle apparait d’après
nos décomptes, à 51 reprises. Evidence de ce que la musique à travers ses
instruments est bel et bien présente dans la culture biblique. Par elle, Job
pouvait chanter son deuil et David, célébrer les louanges de l’Eternel. Lorsque
Elisée eut besoin de prophétiser peu avant que Joram, roi d’Israël ne remporte
une victoire sur Moab, il fit appeler un joueur de harpe et
comme le joueur de harpe jouait, la main de l’Eternel fut sur Elisée II Rois 3v15. Il est évident au regard de
tout le panorama des Ecritures, que la musique n’est pas importante pour les
hommes seulement, mais pour Dieu également. S’il est connu que Dieu siège au
milieu des louanges de son peuple et que la musique se trouve être le canal par
excellence via lequel notre louange monte vers le ciel, alors nous n’exagérons
en rien lorsque nous affirmons que Dieu se glorifie d’une louange qui lui est
apportée en musique. Nos propos se confirment dans la vision d’Esaïe 6v1-4
à qui il est fait grâce de voir Dieu assis dans son temple et environné de
Séraphins se répétant dans une anaphore qui sonne comme un refrain : saint, saint, saint est l’Eternel des
armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire v3. Si la gloire de Dieu se révèle dans l’air
d’une adoration sur fond de musique, il n’en demeure pas moins qu’elle (la
musique) joue également un rôle de premier dans le travail de l’âme humaine
dans l’air d’adoration.
En
effet l’âme humaine se trouve être également bénie quand l’adoration est
restituée sur fond de musique. La raison se trouve dans le lien qu’il y a entre
notre vie psychique et l’art de combiner des sons agréables au sens de l’ouïe. Parce
qu’elle est un art, la musique est la
recherche constante de quelque chose de sublime. La beauté, l’esthétique
et l’harmonie sont les objectifs qu’elle poursuit. Or l’âme humaine est
foncièrement sensible à la beauté et à l’esthétique. Dans l’adoration donc, la
musique et l’âme humaine se rencontrent et font chemin, main dans la main. Il
est donc facile d’entretenir notre âme dans une louange sur un air musical.
L’apôtre Paul nous y exhorte d’ailleurs en ces termes : Entretenez-vous par des psaumes, des
hymnes et des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur,
les louanges du Seigneur Ephésiens 5v19.
On ne niera donc pas que la musique est un instrument avec lequel le croyant
peut entretenir son âme dans une louange sincère. Sans elle, il pourrait tout à
fait vivre sa vie d’adoration. Mais avec ses notes qui ont une influence
profonde et encore insoupçonnée sur notre vie psychique, le travail de l’âme
dans l’adoration s’en trouve grandement facilité. Mais alors que nous vantons
les mérites de la musique, il y a un danger qui nous guette.
Le
piège qui nous est subtilement tendu se trouve dans la nature même de la
musique. En effet, elle est dans une recherche constante d’harmonie,
d’esthétique et de beauté. Lesquelles sont des standards de vie qui en soit
n’ont rien de répréhensible. Mais très vite, la beauté et l’harmonie peuvent devenir des fins en soi. Dès lors que
notre musique vit pour exprimer sa propre esthétique et non l’éclat de la
gloire du Seigneur, alors nous courons le risque de perdre notre adoration au
profit d’une musique centrée sur elle-même. Mais le risque est davantage grand
lorsque, continuant d’apporter au Seigneur une musique autocentrée, nous nous
berçons de l’illusion qu’il s’agit encore d’adoration. Bien des siècles avant
Jésus-Christ, le peuple élu fit une expérience similaire à ce que nous
décrivons. Alors que la vie spirituelle du peuple était une suite de
transgression de la loi de l’Eternel, le peuple se berçait encore de l’illusion
que sa musique joué aux occasions solennelles plaisait encore au Seigneur.
Pourtant, leur vie et leur art musical étant détournés de Dieu, ils s’étaient
centrés sur eux-mêmes sans jamais s’en rendre compte. C’est alors que la Parole
de l’Eternel adressée se fit entendre par le prophète Amos en ces termes :
quand vous me présentez
des holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir(…). Eloigne de
moi le bruit de tes cantiques ; je n’écoute pas le son de tes luths 5v23.
Il
arrive donc bien souvent que la musique de nos cantiques ne fasse aucun plaisir
à l’Eternel notre Dieu. Il arrive tout aussi souvent que nous continuons à nous
bercer de l’illusion que notre musique lui est agréable. Pourtant en règle
générale, c’est à nous, à nos sens physiques
et à notre vie psychique que nos notes de musique sont plaisantes. Il y
a donc un équilibre à rechercher et à trouver entre musique et adoration. Si en
effet l’une et l’autre se rejoignent, elles se distinguent pourtant.
Gardons-nous donc de confondre notre recherche d’esthétique et d’harmonie
musicales à une quête authentique de la Présence de Dieu. Les sentiments que
peuvent générer dans nos âmes l’éclat de la musique sont à dissocier des
sentiments que dépose dans notre esprit, le Saint-Esprit. Entendue comme un
art, la musique nous a été donnée pour faciliter notre quête de la beauté et de
l’esthétique qui se dégagent de la Personne de notre Dieu. Mais parce qu’en soi
la musique est elle-même belle, elle peut facilement nous faire dériver de
notre but dans l’adoration. Adorons en musique sans adorer la musique.
Samuel
GOHOUNGO
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