Le
crépuscule de l’année est une octave passionnante à bien d’égards. Il suscite
bien des débats au sein des communautés chrétiennes ; se trouvant être une
période au cours de laquelle l’intérêt historique et théologique des fêtes qui la
meublent est portée à son paroxysme. C'est surtout Noël qui, au crépuscule de
l’année suscite de plus en plus de passions au sein des communautés chrétiennes
évangéliques. Progressivement ces dernières années, avec le concours des média
sociaux, de nouvelles opinions au sujet de la fête ont été et sont encore répandues
à bout de clics. Remontant jusqu’aux premiers siècles de l’Église, de nombreux
chrétiens devenus pour l’occasion des historiens pointent du doigt ce qu'ils
considèrent comme une fête satanique. Il y a à cet effet de nombreux points
d'ombre à éclaircir. Arrêtons-nous sur la fête du soleil invaincu qui aurait
servi de modèle à la fête de Noël.
Dans
l’Empire romain, le dieu soleil était célébré depuis la fin du 3e
siècle 1. Aurélien désireux d'unifier
son empire autour d'un dieu nouveau importa depuis l’Asie mineur le culte de
Mithra, figure iranienne du même culte qui prit plus tard à Rome le nom de sol invictus : soleil invaincu.
D’abord populaire dans les cercles politiques et miliaires, le culte de Mithra
se répandit peu à peu dans l’opinion romaine. Au 4e siècle de notre
ère (siècle au cours duquel le christianisme fut officialisé dans l’Empire des
césars), le culte du soleil invaincu jouissait déjà d'une très grande
popularité. Passés des arènes de la persécution aux palais impérial, les
chrétiens de cette époque choisirent de reconquérir le crépuscule de l’année et
précisément la date du 25 décembre. Par convention, ils choisirent de fixer la
célébration de la fête de la nativité à cette même date pour rappeler au monde
païen que Jésus-Christ est le vrai Soleil de Justice Malachie 4v2.
En l'an 354 donc le pape Libère initia la célébration de Noël au 25 décembre 2. Plus d'un millénaire et demi après, les
artéfacts de la fête du dieu soleil sont exhumés et mis au compte de la fête de
Noël. Mais justement, arrêtons-nous sur ce fameux culte du dieu soleil.
Il était
célébré en l’honneur du plus grand astre du ciel (le soleil) car au regard des
anciens romains, le soleil dont les rayons irradient la terre est une divinité.
Son caractère dit universel était notamment salué parce qu’aucun point du globe
n’échappe à son irradiation. Un culte à cet effet lui était voué. La date du 25
décembre n’était pas choisie par hasard. Selon les astrologues romains, c’est à
cette date que le soleil finissait son cycle révolutionnaire. Autrement, c'est
à cette date précisément que le soleil est à son point le plus éloigné de
l’équateur. D’un point de métaphysique, les anciens voyaient dans ce phénomène
le début d’un nouveau cycle vital apporté par le souffle renouvelé du soleil à
la planète. Ce phénomène astronomique
porte aujourd’hui le nom de solstice d’hiver. La science moderne démontre
cependant que le solstice d’hiver ne se produit pas au 25 décembre, mais plutôt
au 21 décembre 3 : c’est-à-dire 4 jours plus tôt. La légitimité
de la fête du dieu soleil fixé au 25 décembre ne trouvait donc plus son sens car
les astrologues romains s’étaient trompés de 4 jours dans leurs calculs. Il n'y
avait donc aucune base scientifique qui justifierait un culte rendu pour le
solstice d’hiver au dieu soleil, le 25 décembre.
Vu depuis
la Bible, le solstice d’hiver est un mécanisme cosmique dont seul YAHVE révélé
en Jésus-Christ est l’auteur. Dieu créateur du ciel et de la terre, c'est à lui
que tous le cosmos doit son existence et son maintien de sorte que même les
lois qui régissent l’univers trouvent en lui leur régulation. Les phénomènes
cosmiques que connaît la terre tels que les solstices et équinoxes sont pensés
par celui qui créa les cieux et la terre et qui soutient toutes choses
par sa parole triomphante Hébreux 1v3. D'un point de vue biblique, aucun honneur ne
devrait être rendu au dieu soleil à l’occasion du solstice d’hiver. Car aucun
dieu autre que le seul vrai Dieu manifesté en Jésus-Christ, n'est responsable du phénomène. Sur cette base, la volonté de reconquérir une date autrefois
vouée à un dieu païen prend tout son sens. L’on ne saurait d'un point de vue
théologique critiquer la légitimité de la fête au risque de faire du 25
décembre une date interdite dans le calendrier civile. Or justement, ce 25 décembre
qui n'est nullement le théâtre du solstice d’hiver est un jour comme les autres
appartenant au Seigneur notre Dieu. Il ne peut donc être exclu de nos journées
de célébration sous le fallacieux prétexte qu’il aurait servi à honorer un dieu
païen. La maturité spirituelle nous invite à prendre de la hauteur vis-à-vis de
tout ce qui est répandu à bout de clic au sujet de cette fête. Le choix de
fixer par convention la célébration de la naissance du Sauveur du monde au jour
autrefois dédié au dieu soleil n’est nullement une imitation d’un culte païen.
Ce choix au contraire n’est que le prolongement de l’évangélisation du monde
qui implique de rechristianiser dans bien des cas, des sphères de la vie qui
autrefois échappaient à l’influence du message du salut. Nous ne devrions pas
faire de retenu vis-à-vis de la Noel ; pas plus que nous n’en faisons
lorsqu’à la lecture de la Bible, nous découvrons que Dieu demande à Gédéon de
renverser un autel adressé à Baal puis de reconstruire avec les mêmes matériaux
de l’autel précédent, un nouvel autel à l’Éternel Juges 6v26. Au
regard de l’histoire et des Ecritures, refuser la célébration de la Noël pour
les raisons évoquées relève d’un infantilisme spirituel sous couvert de pseudo
révélations bibliques. D’ailleurs à ce propos, les critiques de Noël ne se
gênent pas à célébrer le nouvel an en Janvier. Janvier pourtant, voué au dieu Janus
pose le même problème que celui évoqué jusque-là. Nous y reviendrons.
Au reste, à
ceux qui comme nous osent renverser l’autel du dieu soleil pour affirmer la
Seigneurie de Jésus-Christ, nous souhaitons une joyeuse fête de la nativité.
Abomey-Calavi
25 décembre 2020 et 06
janvier 2021
Samuel GOHOUNGO
M/A Histoire des
religions
Références
1- 1- https://www.persee.fr/doc/syria_0039-7946_1959_num_36_3_8435
2- 2- https://www.herodote.net/25_decembre_An_I-evenement-11225.php
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