Au-delà de
Sa puissance
Au
début du siècle dernier – le 20e donc- l’Eglise a été balayé par un
grand courant de réveil que les historiens de l’Eglise ont baptisé le réveil
pentecôtiste d’Azuza Street. Initié par le Seigneur en 1906, il dura jusqu’en
1909. Au cours de ces années d’effervescence, l’Eglise redécouvrit les dons de
l’Esprit de Dieu comme aux jours de la pentecôte. Les dons de langues en
étaient les traits dominants mais il s’en suivit aussi les dons de puissance et
de miracle. Tout au long du siècle donc, le vent de la nouvelle pentecôte a
influencé les Eglises évangéliques de sorte que la pratique des dons de
l’Esprit soient devenue monnaie courante. Il faut pour cela saluer l’Eglise de
notre génération pour son zèle retrouvé en ce qui concerne les choses de
l’Esprit. Mais ici, il faut marquer un arrêt. Car oui, de quelles choses de
l’Esprit s’agit-il ?
L’Eglise
de notre époque, héritière des réveils du début du 20e siècle s’est
focalisée sur les dons de puissance et de miracles du Saint-Esprit. Il n’y a à
cela aucun mal. Mais il y a non loin, un risque de nous enliser dans la
recherche des dons de l’Esprit au détriment de l’Esprit Lui-même. C’est
d’ailleurs l’amer constat que nous faisons. L’onction et la puissance sont
recherchées comme des trophées de notre expérience spirituelle alors que Dieu
qui est le dispensateur de ce don est négligé, parce que nous l’avons réduit
aux dons que nous cherchons. Si le bras de Dieu est le symbole de sa puissance
et que son cœur est la figure de la communion que nous pouvons avoir avec Lui, il
nous faut alors reconnaître que dans notre marche commune avec Lui, l’Eglise
s’est arrêtée à son bras sans chercher à trouver son cœur.
Dans
cette expérience tragique pour notre foi, le peuple d’Israël nous a précédés. A
la sortie du pays d’Egypte, ces 2.000.000 de personnes environs qui suivirent
Moïse eurent la chance de voir une des démonstrations de puissance les plus
extraordinaires de toute l’histoire. Ce peuple nombreux fut en effet témoin de
la séparation de la mer rouge (Exode
14v). Après l’expérience d’un
des plus grands miracles créatifs jamais expérimentés, le peuple conduit par
Anne chanta un cantique merveilleux au Seigneur. En voici un extrait : Ta
droite, ô Eternel ! a signalé sa force ; ta droite, ô Eternel !
a écrasé l’ennemi. Par la grandeur de ta majesté tu renverses tes adversaires.
Tu déchaînes ta colère : elle les consume comme du chaume Exode
15v6-7. Dans cet épisode de l’histoire du peuple élu, l’erreur est sans
doute de n’avoir vu que dans cette histoire miraculeuse, le bras puissant de
Dieu et non en plus de cela, son cœur compatissant. Car il ne fallait que
quelques semaines – deux mois et demi pour être exact- pour qu’une fois arrivé
au désert de sin où ils manquèrent d’eau et de nourriture, le même peuple qui
célébrait Dieu pour le passage de la mer rouge, en vienne à oublier la
puissance déployée par l’Éternel à la sortie d’Egypte. Que nous sommes-nous morts par la main de l’Eternel dans le pays
d’Egypte, quand nous étions assis près des pots de viande, quand nous mangions
du pain à satiété ? Car vous nous avez menés dans ce désert pour faire
fait mourir de faim toute cette multitude Exode 16v3. Tel est un
aperçu que nous conservent les Ecritures des murmures que prononcèrent les
enfants d’Israël peu après la traversée de la mer rouge.
Le
risque de voir notre foi s’écrouler comme celui du peuple d’Israël dans ce
contexte vient du fait de nous arrêter à chaque démonstration de puissance pour
ne voir que le bras de Dieu. C’est à peu près ce qui arriva à l’Eglise de notre
génération. Après le réveil de pentecôte qui secoua le monde au début du 20e
siècle, l’Eglise manifestant désormais les dons de puissance s’est
progressivement focalisée sur l’onction qu’elle a reçue. Pourtant, il urge de
comprendre que l’adoration va au-delà des démonstrations de puissance. En tant
qu’acte de communion, l’adoration se suffit de la seule présence de Dieu. En
communiant donc avec notre Seigneur, nous le cherchons non pour les dons, la
puissance et l’onction, mais nous le cherchons pour Lui-même. Loin de nous
l’idée de négliger les démonstrations de puissance. Elles (ces démonstrations) sont des paliers qui permettent à celui qui cherchent la
face de Dieu de monter les degrés jusqu’à l’intimité du Père. Nous voici donc
devant une dérive tacite de l’Eglise de notre temps. Une dérive qui a entaché
notre relation collective d’adoration avec le Seigneur de notre salut. Vivement
que ce cri de réveil soit entendu.
14
janvier 2020
Samuel
GOHOUNGO
M/A
Histoire des religions
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