Il est communément soutenu dans les cercles protestants
évangéliques que l’Église se doit de posséder les différents domaines
d’influence de la société. On cite à cet effet différentes révélations que Dieu
aurait communiqué à ses serviteurs au cours de ces derniers siècles. La
politique, l’économie et les finances, les arts et la culture et j’en passe,
sont des exemples de sphères d’influence que l’Église se doit de conquérir pour
rechristianiser le monde. Pour ce faire, l'on propose des stratégies de
conquête de ces fameuses sphères d’influence. En politique notamment, il
s’agirait de proposer une philosophie chrétienne de gestion de la cité. C’est
en somme, ce à quoi s’emploient les parties de droite européenne et américaine.
Le très controversé Víctor Orban propose par exemple de recentrer l’Europe sur
ses racines chrétiennes 1. Le
militantisme parfois raciste aux relents de suprématiste blanc agité par Donal
Trump ne s'est pas moins revendiqué des racines chrétiennes. Pour emboîter le
pas aux partis politiques de droite européenne et américaine généralement
conservatrice des valeurs chrétiennes, les chrétiens évangéliques se sont
trouvés une vocation nouvelle : celle de conquérir les sommets du pouvoir
et de conduire les destinées de la société selon les principes bibliques. Combien
n’aurions-nous à gagner en influence sur le monde en ayant un chef d’État qui
possède les dons du Saint-Esprit ? C’est ici, une belle construction
ironique dont la vérité n'a pas encore été prouvée.
Certes, il y a eu dans l’histoire récente de l’humanité,
des hommes et des femmes qui ont influencé des parlements entiers dans le but
de voter des lois qui s’emboîtent dans le modèle biblique de gestion de la
cité. Mais il est une chose de faire des lois dite chrétiennes. Il en est une
autre des façonner des vies qui puissent les pratiquer. Et c’est justement là
que nos efforts de rechristianisation du monde ont jusque-là montré leurs
limites.
Nous avons beau oindre des sénateurs et des chefs
d’États, leurs influences sur le monde selon les perspectives du Dieu de la
Bible ne seront que de piètres résultats car en définitive, l’exercice
politique en soi, n'a aucune vocation à convertir des âmes au salut de
Jésus-Christ. Se sentir appelé en tant qu'individu à exercer le pouvoir
politique est un fait possible mais tout à fait subjectif. Il restera à s'en
convaincre à la mesure de la relation de chacun avec le Seigneur. Mais convaincre
l’Église en tant qu'unique colonne de vérité en ce monde à s’accoupler au
pouvoir temporel, c'est la faire dévier de sa trajectoire et lui donner une
vocation qui n'est pas la sienne. Lorsqu'au quatrième siècle de notre ère,
l’Église se vit passer des arènes de la persécution au palais impérial, elle
perdit toute perspective de l’éternité, allant jusqu’à nier le règne millénaire
de Jésus-Christ sur terre 2.
L’Église devra donc éviter de se distraire avec de prétendues solutions
politiques aux maux qui minent la société. Sa place est dans une séparation
nette avec le pouvoir politique temporel. Et que l'on évite de citer les règnes
des différents rois d’Israël pour se justifier de trouver à l’Église une
vocation politique. Dans un premier temps, la royauté en Israël était contraire
au plan initial de Dieu I
Samuel 8v7. Et ensuite, même dans la gestion politique par défaut
que revendiqua à Samuel, la descendance de Jacob, le modèle politique pratiqué
était une pure théocratie basée sur la Bible hébraïque. Dieu était au centre
des préoccupations des rois d’Israël parce qu'ils n’avaient de Dieu que YAHVE
seul. Les modèles de comparaisons que nous essayons d’établir entre le régime
politique en Israël et nos démocraties postmodernes laïcs souffre d'une absence
évidente de parallélisme.
Toutefois, dans l’effort de gestion de la cité, il y a
une place qui revient à l’Église. Autrement, la colonne de vérité que Dieu a
institué ici-bas à un rôle de la plus haute importance. En effet, bien que
séparé du l’appareil politique temporel, elle influence les modèles sociaux,
non en exerçant un pouvoir politique à partir du haut, mais en suscitant un
réveil à partir du bas. Oui. Il revient en effet à l’Église d’intercéder pour
que Dieu envoie le feu du réveil. Là encore, il faut insister sur ce qu'ici
nous entendons par réveil. Il ne s’agit pas comme on le voit dans l’Église
postmoderne, de donner seulement à l’Évangile une place dans les média. Il ne
s’agit pas non plus de faire de nos églises des labels de consommation et de
nos pasteurs des star de Rock'and roll. Non. Il s’agit de choses plus profondes
que celles-là. Il s’agit de susciter dans la prière, un souffle de repentance.
Il s’agit de mettre à nouveau l’accent sur le péché et sur la réalité de
l’enfer. Il s’agit de recentrer la croix de Jésus-Christ dans le message
évangélique au détriment du message corrompu de la prospérité. Alors, le cœur
de la société sera transformé. Les tavernes d’alcool se videront. Les prisons
se fermeront. La droiture et l’équité seront à nouveau les maîtres mots dans le
monde des affaires. L’éducation se rechristianisera et la culture dans son
ensemble sera empreinte du message du Salut. Certains pourraient taxer nos
propos d’utopique. À ceux là, nous laissons le souvenir des réveils qui nous
ont précédés. Ils pourront juger par eux-mêmes la profonde influence qu'ils ont
eue sur la société. Nous laissons à cet effet deux extraits de récits. Le
premier nous est relaté par le revivaliste Charles Finney qui décrit un réveil
produit dans la ville de New York en 1820. Le second est un aperçu de
l’influence que le réveil du pays de Galles en 1904 eut sur la société. " Je voudrais dire un
mot sur l'ESPRIT de PRIERE qui régnait à Rome (New.York.) pendant ce temps- là.
La ville entière était en pleine prière : où que nous allions, si vous vous
promenez, vous entendez une voix priante, si vous êtes dans la rue, vous
apercevez deux ou trois chrétiens ensemble, rassemblés : ils prient. Où qu'ils
se rencontrent, ils prient. Devant les magasins, ils prient. Partout où il y a
un pécheur inconverti (et spécialement, s'il montre quelque opposition), vous
trouverez immédiatement trois frères et sœurs pour prier avec lui, et en faire
un sujet de prière. L'état de choses et l'atmosphère spirituelle de ce village
était tels que personne ne pouvait y rentrer sans se sentir porté, avec
l'impression que Dieu était présent d'une façon tout à fait particulière et
merveilleuse 3.
"Il est
difficile d'imaginer aujourd'hui l'impact de ce réveil dans le Pays de Galles.
Des réunions de prières démarraient spontanément dans les mines, les usines,
les magasins et les écoles. Les parcs d’attraction étaient saisis de la crainte
de Dieu car des groupes d'évangélistes y œuvraient. Ces groupes s’étaient
formés spontanément à cause de leur passion pour Jésus-Christ et de Son œuvre.
Les hommes commandaient des boissons alcoolisées dans les tavernes et
repartaient aussitôt sans y toucher à cause de la conviction de péché du
Saint-Esprit. Le sport national, le football, perdit tout son attrait. Les
vedettes se convertissaient et participaient à l'évangélisation de rue.
Personne ne prêchait un message d’opposition ou de dénonciation, seul Jésus
était prêché et ne laissait de place pour rien d'autre".
Les réveils qui nous ont précédés nous ont pour la
plupart, laissé des modèles de société. Cela ne fait aucun doute.
14 décembre 2020
Samuel GOHOUNGO
M/A Histoire des religions
Références
1 https://www.euractiv.fr/section/politique/news/orban-pretend-defendre-les-chretiens-contre-limmigration/
2 Le
Millénium : image ou réalité ?
(pages 29-30) Charles Ryrie, Homer
Payne
3 http://sentinellenehemie.free.fr/finney28.html
4 http://sentinellenehemie.free.fr/reveilgalles.html
L'église (catholique) dans les siècles passés a bien eu des vocations politiques. Ça en était littéralement une ingérence dans la vie politique des royaumes et empires d'Europe si bien que les têtes couronnées d'antan, avaient besoin du soutien de l'église pour se lancer dans les conquêtes pour étendre leurs royaumes.
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