vendredi 15 avril 2022

Mer rouge et Jourdain : deux traversées pour une destinée

 

Après deux millénaires de pâques chrétienne, il peut paraitre inutile d’écrire à ce sujet. La question semble avoir été épuisée par des siècles de littérature abondante. Tout ou presque est su au sujet de cette fête que l’Eglise a elle-même hérité d’un millénaire et demi de Judaïsme. Pourtant, dans cette crise doctrinale que connait au 21e siècle la plus grande institution de tous les temps (l’Eglise), il nous a paru urgent de nous pencher à nouveau sur le sujet. Il y a en effet de nombreuses facettes à cette seule question. Aussi avons-nous choisi de nous pencher sur un seul aspect du sujet, mis en rapport avec l’actualité brulante de l’église de notre génération.   

La pâque est on le sait, la fête qui commémore la sortie d’Egypte du peuple d’Israël après quatre siècles de servitude Exode 12. La traversée de la mer rouge qui symbolise tout cet exode, est un type du passage de ce peuple de la servitude à la liberté, et de la mort à la vie. Pourtant, selon le plan de Dieu, la traversée de la mer rouge devrait être une des deux (traversées) qui attendaient Israël sur son chemin vers la liberté. Dans le plan initial de l’Eternel, après trois journées de marche, ils devraient se retrouver face au Jourdain. Finalement ce n’est que quarante ans après qu’ils firent l’expérience de cette autre traversée qui les introduisit dans le pays du lait et du miel ; dans le pays de la vie Josué 3v1-17. De fait, si la traversée de la mer rouge marque leur sortie de l’Egypte (image de la mort spirituelle), la traversée du Jourdain quant à elle les introduisit dans le pays du miel et du lait (image de la vie retrouvée). A proprement parler donc, l’exode qui fut introduit par la sortie d’Égypte marquée par le passage de la mer rouge, trouve son épilogue dans une autre traversée : celle du Jourdain qui les introduisit en terre promise. Les deux événements se complètent pour faire le sens intime de la pâque juive.

Héritée de la tradition juive, la fête dans sa dynamique chrétienne prend un sens plus profond et davantage prophétique. Dans le seul acte de l’offrande de Christ, nous trouvons cumulé, le sens des deux traversées que nous avons évoquées plus haut, au sujet d’Israël. Par sa mort, il déchira le voile de la mort en tant que principe nourricier du péché. Il nous entraina avec lui dans cette ‘’mort à la mort’’. Puis, dans sa résurrection, il s’introduisit dans le ciel, jusque devant le propitiatoire de l’ache de l’alliance qui se trouve dans le Tabernacle de cieux Hébreux 9v11-12. Il entra dans la vie, traversant ainsi, d’une certaine, son Jourdain à lui. La pâques chrétienne reprend donc les matériaux de la pâque juive pour lui donner un sens plus profond, davantage prophétique.

Il est fort utile à notre sens de rappeler à l’Eglise du 21e siècle qu’elle est passée par sa mer rouge et son Jourdain car, elle a bien souvent tendance à soupirer après les délices sensuels de l’Egypte. Oui en effet, il est curieux de voir combien notre Eglise est déjà fatiguée du salut que Jésus-Christ lui a chèrement acquis au prix inestimable de sa vie. Aujourd’hui par exemple, le ‘’ministère des anges’’ est enseigné au point de prendre le pas sur le ministère de la réconciliation accompli à la croix Romains 5v11. Des ‘’hommes de Dieu’’ se plaisent à vendre de l’huile dite ‘’venue d’Israël’’, sous le fallacieux prétexte qu’elle aurait une ‘’onction spécial’’. Pire encore, la théologie douteuse de la paternité spirituelle tend à se substituer à la médiation de Jésus-Christ Matthieu 23v9, I Timothée 2v5. Des pères voire des ‘’papes évangéliques’’ ont émergé aux quatre coins du globe, demandant à leurs fidèles de prier au nom de l’onction qui serait sur leur vie. La liste des déviances de cette église laodicéenne est longue. A la regarder de près, on pourrait voir le peuple d’Egypte dans le désert, entre la mer rouge et le Jourdain, et qui désire ardemment retourner en Egypte. Dans l’épisode du veau d’or, nous pouvons encore entendre leurs voix, sur les pages silencieuse de nos Bibles : ‘’ allons, fais-nous un dieu qui marche devant nous, car ce Moïse, cet homme qui nous a fait sortir du pays d’Egypte, nous ne savons ce qu’il est devenu Exode 32v1.

A l’instar de l’épisode du veau d’or, Israël à bien souvent perdu son chemin dans le désert. Selon que la traversée du Jourdain marque leur entrée dans le pays promis, cet événement revêt pour nous, un double sens. Il est spirituel ainsi que prophétique. Spirituel parce que notre traversée du Jourdain peut s’apparenter à la résurrection de notre sauveur : résurrection dont nous jouissons déjà les fruits ici-bas Ephésiens 4v8. Mais il a pour nous, un sens tout aussi prophétique, selon que notre pays promis n’est pas ici-bas, mais dans le ciel Philippiens 3v20-21. En attendant donc de traverser notre Jourdain éternel, gardons-nous de vouloir retourner en Egypte. Gardons-nous de tout ce qui tend à combattre l’œuvre de la croix dans nos vies. Veillons sur le sens intime et singulier de notre pâques. Pour Israël, il s’était agi d’un vœu d’or ; pour nous,  il est question de ‘’pères et de papes évangéliques’’, d‘huile spéciales venues d’Israël, de ministère des anges qu’il faut apprendre à connaitre, de téléportation et de cabale juive déguisée en message évangélique. Laissant derrière nous l’Egypte et la mer rouge, gardons les yeux fixés sur le ciel, notre pays promis où nous serons accueillis après avoir traversée notre Jourdain éternel.

Joyeuse  fête de paques

15 avril 2022

Samuel GOHOUNGO  

mercredi 13 avril 2022

Adoration et musique : l’équilibre

 


Connue et pratiquée depuis les origines de l’humanité, elle est pour la première fois mentionnée en Genèse 4v21. L’on l’a défini comme l’art de combiner les sons de manière à les rendre agréables à l’oreille. Vous l’aurez reconnue, il s’agit bel et bien de la musique. Couramment pratiquée au sein des assemblées chrétiennes, elle est en étroite relation avec l’adoration dans l’Eglise. En étroite relation avec l’adoration oui, mais sans jamais devoir se confondre avec elle. Il y a donc entre musique et adoration, un équilibre à trouver ; un équilibre auquel les Ecritures nous appellent.

David (pour citer son exemple), écrivait : Réveillez-vous, mon luth et ma harpe ! Je réveillerai l’aurore Psaumes 108v3. Dans les Ecritures, le Luth est cité plus d’une trentaine de fois. La harpe quant à elle apparait d’après nos décomptes, à 51 reprises. Evidence de ce que la musique à travers ses instruments est bel et bien présente dans la culture biblique. Par elle, Job pouvait chanter son deuil et David, célébrer les louanges de l’Eternel. Lorsque Elisée eut besoin de prophétiser peu avant que Joram, roi d’Israël ne remporte une victoire sur Moab, il fit appeler un joueur de harpe et comme le joueur de harpe jouait, la main de l’Eternel fut sur Elisée II Rois 3v15. Il est évident au regard de tout le panorama des Ecritures, que la musique n’est pas importante pour les hommes seulement, mais pour Dieu également. S’il est connu que Dieu siège au milieu des louanges de son peuple et que la musique se trouve être le canal par excellence via lequel notre louange monte vers le ciel, alors nous n’exagérons en rien lorsque nous affirmons que Dieu se glorifie d’une louange qui lui est apportée en musique. Nos propos se confirment dans la vision d’Esaïe 6v1-4 à qui il est fait grâce de voir Dieu assis dans son temple et environné de Séraphins se répétant dans une anaphore qui sonne comme un refrain : saint, saint, saint est l’Eternel des armées ! Toute la terre est pleine de sa gloire v3. Si la gloire de Dieu se révèle dans l’air d’une adoration sur fond de musique, il n’en demeure pas moins qu’elle (la musique) joue également un rôle de premier dans le travail de l’âme humaine dans l’air d’adoration.

En effet l’âme humaine se trouve être également bénie quand l’adoration est restituée sur fond de musique. La raison se trouve dans le lien qu’il y a entre notre vie psychique et l’art de combiner des sons agréables au sens de l’ouïe. Parce qu’elle est un art, la musique est la  recherche constante de quelque chose de sublime. La beauté, l’esthétique et l’harmonie sont les objectifs qu’elle poursuit. Or l’âme humaine est foncièrement sensible à la beauté et à l’esthétique. Dans l’adoration donc, la musique et l’âme humaine se rencontrent et font chemin, main dans la main. Il est donc facile d’entretenir notre âme dans une louange sur un air musical. L’apôtre Paul nous y exhorte d’ailleurs en ces termes : Entretenez-vous par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur, les louanges du Seigneur Ephésiens 5v19. On ne niera donc pas que la musique est un instrument avec lequel le croyant peut entretenir son âme dans une louange sincère. Sans elle, il pourrait tout à fait vivre sa vie d’adoration. Mais avec ses notes qui ont une influence profonde et encore insoupçonnée sur notre vie psychique, le travail de l’âme dans l’adoration s’en trouve grandement facilité. Mais alors que nous vantons les mérites de la musique, il y a un danger qui nous guette.

Le piège qui nous est subtilement tendu se trouve dans la nature même de la musique. En effet, elle est dans une recherche constante d’harmonie, d’esthétique et de beauté. Lesquelles sont des standards de vie qui en soit n’ont rien de répréhensible. Mais très vite, la beauté et l’harmonie  peuvent devenir des fins en soi. Dès lors que notre musique vit pour exprimer sa propre esthétique et non l’éclat de la gloire du Seigneur, alors nous courons le risque de perdre notre adoration au profit d’une musique centrée sur elle-même. Mais le risque est davantage grand lorsque, continuant d’apporter au Seigneur une musique autocentrée, nous nous berçons de l’illusion qu’il s’agit encore d’adoration. Bien des siècles avant Jésus-Christ, le peuple élu fit une expérience similaire à ce que nous décrivons. Alors que la vie spirituelle du peuple était une suite de transgression de la loi de l’Eternel, le peuple se berçait encore de l’illusion que sa musique joué aux occasions solennelles plaisait encore au Seigneur. Pourtant, leur vie et leur art musical étant détournés de Dieu, ils s’étaient centrés sur eux-mêmes sans jamais s’en rendre compte. C’est alors que la Parole de l’Eternel adressée se fit entendre par le prophète Amos en ces termes : quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je n’y prends aucun plaisir(…). Eloigne de moi le bruit de tes cantiques ; je n’écoute pas le son de tes luths 5v23.

Il arrive donc bien souvent que la musique de nos cantiques ne fasse aucun plaisir à l’Eternel notre Dieu. Il arrive tout aussi souvent que nous continuons à nous bercer de l’illusion que notre musique lui est agréable. Pourtant en règle générale, c’est à nous, à nos sens physiques  et à notre vie psychique que nos notes de musique sont plaisantes. Il y a donc un équilibre à rechercher et à trouver entre musique et adoration. Si en effet l’une et l’autre se rejoignent, elles se distinguent pourtant. Gardons-nous donc de confondre notre recherche d’esthétique et d’harmonie musicales à une quête authentique de la Présence de Dieu. Les sentiments que peuvent générer dans nos âmes l’éclat de la musique sont à dissocier des sentiments que dépose dans notre esprit, le Saint-Esprit. Entendue comme un art, la musique nous a été donnée pour faciliter notre quête de la beauté et de l’esthétique qui se dégagent de la Personne de notre Dieu. Mais parce qu’en soi la musique est elle-même belle, elle peut facilement nous faire dériver de notre but dans l’adoration. Adorons en musique sans adorer la musique.

Samuel GOHOUNGO

Mer rouge et Jourdain : deux traversées pour une destinée

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